Notre campagne de financement participatif vient tout juste d’être prolongée et on peut d’ores et déjà dire qu’elle a tenu toutes ses promesses: du travail et des ascenseurs émotionnels, mais surtout beaucoup de love…
On espère très fort que les émotions (positives!) seront présentes jusqu’à la semaine prochaine et que nous approcherons au plus près des 200% de notre objectif initial.
Je pense que c’est le bon moment pour vous en dire un peu plus sur l’histoire de Silibiliz et vous raconter un peu plus précisément les grandes étapes de la naissance de ce projet un peu foufou!
Allez! posez-vous 5 min et respirez, je vous emmène à Nantes…
La Génèse
Le Chilibili a vu le jour dans ma tête et sur le papier en 2016. A cette époque mes adorables bébés avaient 4 et 2 ans et j’ai commencé à éprouver de plus en plus fort, la volonté de bien les nourrir. Du bio, du local, de saison. Soupes, purées, jus, compotes, tout y passe. Je fais mon pain au levain, du kéfir, je passe aux sucres non raffinés… Bref! grosse prise conscience.
C’est en allant chaque jeudi matin au marché de Zola avec un vieux cabas à roulettes, que je me suis rendu compte, d’un côté des aspects pratiques de cet objet qui m’évitait de porter mes achats, mais d’un autre côté de tout ce qu’il ne me permettait pas: choisir librement mon moyen de déplacement et séparer mes achats fragiles des achats plus lourds. Sans parler du fait qu’il venait de Chine et que je voyais nombre de ses compatriotes, abandonnés au front (!) pour une roue défectueuse ou une poche déchirée, encombrer les rues ou s’entasser dans les poubelles.
J’ai donc sorti mes plus beaux calepins pour dessiner (grâce à mon immense talent, digne d’un enfant niveau CP, plâtré de sa bonne main) mes premiers croquis de ce que serait le cabas du futur.
Puis progressivement les traits et les idées se sont précisés, et le papier millimétré à pris le relais des calepins.
Passage à l’acte
C’est début 2017 que les premiers ancêtres des bilibags prirent forme dans l’atelier de couture qu’une amie venait d’ouvrir. Heureusement elle était patiente et créative, et elle sut déchiffrer mes hiéroglyphes et tirer le meilleur parti de ses nouvelles machines, pour sortir une première version conforme à mes attentes. Déjà confectionnés à partir de matériaux récupérés et de quelques fournitures achetées chez Toto (les vrais.es savent ;), ils me permirent de concrétiser les croquis et les dessins, de réaliser mes premiers tests et de récupérer les premiers avis de mes proches tantôt surpris, tantôt enthousiastes, tantôt pris d’une soudaine crise de what-the-fuckisme (!)
En parallèle, je pimpai l’armature de mon vieux cabas dans mon garage et très vite j’obtins une première version plutôt fonctionnelle (bien que relativement moche) qui ne laissait pas insensible mon vendeur de pommes préféré ou les quelques clients spécialistes ès cabas à roulettes, déambulant, la mine enjouée, autour du marché de Talensac.
Après quelques heures de recherches, pour m’assurer que personne ne m’avait devancé, et un dépôt à l’INPI (propriété intellectuelle) du modèle que je venais de créer, il était temps de se lancer à la poursuite du fabricant parfait afin de passer la seconde…
Malheureusement, les affres de ma vie professionnelle me poussèrent, pour un temps, à ranger l’ancêtre dans un carton de déménagement. Direction Montpellier.
La résurrection
Après 3 années, ponctuées de quelques sorties de carton ensoleillées au marché de Castelnau-Le-Lez, il m’aura fallu une opération du dos et un mois d’alitement (regardez le plafond pendant un mois, vous verrez les idées viennent toutes seules pour redonner vie au projet qui roupillait paisiblement.
On est fin 2020 et je suis chaud-patate à l’idée de me re-frotter au concept du cabas 2.0 (enfin pas trop vite, je n’ai pas encore commencé la rééducation).
Et on m’offre, à cette époque, l’opportunité de présenter le projet à un incubateur. Ce rendez-vous, qui m’aura permis de pitcher en compétition officielle pour la première fois, marque le véritable début de la concrétisation de nuits passées à penser comme sur des roulettes et d’une longue phase de prototypage.
Le développement
Et là ce n’est pas une mince affaire et ce, pour plusieurs raisons.
La première, et non des moindres, n’est pas de mon fait. C’est qu’on est encore en plein Covid et que pas mal de choses se sont ralenties. Les prises de contacts, déjà peu aisées quand on est un doux rêveur qui sort de nulle part, et qu’on veut rencontrer Jean-Michel Overbooké (si, si c’est son vrai nom!), deviennent très compliquées voire impossibles. Les RDV (je me suis inséré au marteau et au burin dans un créneau d’une minute trente montre en main du fameux Jean-Mi) se décalent, s’annulent ou ne débouchent sur rien d’autre que “c’est un beau projet mais allez voir mon ami Jean-Louis Tropris (ils ont tous des noms chelou!). Tout prend du temps et moi j’aime pas quand ça prend du temps, mais je fais avec et j’apprends la patience.
La deuxième, elle, est de mon fait. C’est que je voulais un produit qui se différencie de l’existant, par ses aspects pratiques mais aussi et surtout, par son esthétique, son design, et que j’ai donc opté pour la conception d’une armature en bois plutôt que d’opter pour une version acier ou alu plus facilement disponible “sur étagère”.
La troisième (c’est pour moi aussi!), c’est la complexité de développer un produit fabriqué avec des matériaux aussi différents. Et qui font appel à des connaissances, des savoir-faire et des filières de sourcing aussi variés. Ça ne facilite pas la vie mais c’est d’une richesse folle.
La quatrième (je prends aussi pour moi) c’est que j’ai tendance à m’éparpiller sur certains sujets (par exemple, je ne voulais pas de crochets en plastiques sourcés en Chine (ça va pas non!?). Alors j’ai essayé à plusieurs reprises d’en faire fabriquer en France à moindre coût, en plastique recyclé, plutôt que d’aller droit au but et on verra comment améliorer les choses plus tard. Bon! Finalement les crochets viennent de Chine mais je lâche pas complètement l’affaire pour le plastique recyclé et le local (a minima l’Européen) sur ce sujet.
La cinquième (là c’est plus moi!), c’est que le contexte économique, notamment sur les coûts des matériaux, n’est pas hyper favorable (euphémisme!). Et bien qu’une partie des matériaux utilisés pour la fabrication de nos produits soit issue du réemploi, le reste a pris très très cher niveau tarifs. Or il est important pour moi de proposer une solution “abordable”. Ce n’est pas encore gagné et c’est un des points sur lesquels j’ai tout à fait conscience d’être loin de mes ambitions et je travaille chaque jour sur le sujet (demandez aux designers avec qui j’ai travaillé).
Je parviens, malgré tout, à sortir une deuxième version de prototype de bilibag en Décembre 2021
et une deuxième version de prototype pour l’armature en Février 2022.
Et dans le même temps, je travaille sur la marque, la création de la société, le sourcing des matériaux à réemployer (avec ma première belle prise, en la “personne” de la Rubanbelle, une bâche de près de 100m de long, dessinée par The Feebles et exposée au Galeries Lafayette de Nantes dans le cadre des “off du voyage à Nantes” 2021. Tellement kiffant de la ramener dans mon coffre à Montpellier!).
Une V3 des bilibags arrive en Mars 2022 et là tout s’accélère.
Outre le fait que le développement du produit se poursuit à bonne allure (facile à dire quand on regarde en arrière alors que ça fait 6 mois qu’on trépigne), le projet s’affine, les valeurs se dessinent de plus en plus clairement et je commence à mieux appréhender la direction que je souhaite prendre.
Le lancement
Silibiliz naît le 15 avril 2022. Elle est baptisée de ce magnifique prénom en hommage à une expression anglo-saxonne (Silly Billy) dont nos voisins d’outre-Manche affublent affectueusement leurs petites têtes blondes quand elles pètent un peu trop les plombs. Un “silly-billy”, c’est un petit foufou.
Silibiliz se veut une marque éco-responsable qui fabrique en France, en partie dans des ateliers d’insertion professionnelle, des produits durables, facilement réparables, low-tech et qui fait de l’upcycling le cœur de sa méthode de conception. Un projet un peu foufou comme son nom l’indique.
Le Chilibili continue son évolution, se développe, se redessine avec l’apport de compétences pointues en design et en confection avec, à chaque étape de sa croissance, une recherche de simplification et de modularité. Il est le premier produit de la marque et il représente parfaitement l’idée que je me fais de ce que doit être l’innovation aujourd’hui. A savoir, s’appuyer sur l’existant (des matériaux et quelques pièces de quincaillerie relativement courantes en ce qui nous concerne) pour offrir de la modularité et pour simplifier les usages. Posséder moins mais mieux et plus longtemps. Un objet durable pour plusieurs usages.
Les derniers essais m’ont amenés à intégrer la possibilité de fixer des bretelles ou une sangle sur les bilibags (qui seront bientôt confectionnés dans nos ateliers partenaires), à offrir la possibilité de faire varier le placement des bilibags sur l’armature en fonction des besoins et des envies de chacun, à utiliser de nouveaux matériaux de réemploi (comme des ailes de kitesurf) pour optimiser la conception. Et enfin, à sortir la V3 de l’armature (montée ce soir-même dans mon salon! Les photos arrivent ;).
Beaucoup de choses restent à accomplir, je n’en suis qu’au début de l’aventure. Les idées continuent de fuser et il faut les trier et les sélectionner avec soin, écouter les retours qu’on me donne. Je me suis parfois trompé et je me tromperai encore mais, vous l’aurez compris, comme un jeune papa, qui découvre son nouveau rôle au rythme des étapes d’évolution de son bébé, j’agirai toujours avec honnêteté, générosité et enthousiasme.
Je ne peux finir cette “petite” histoire sans vous adresser, à vous contributeurs, ambassadeurs, relayeurs, partenaires et peut-être futurs clients mes plus profonds remerciements (déjà parce que vous m’avez lu jusqu’ici) pour les festins affectifs et émotionnels que vous me permettez de déguster chaque jour.
Par votre aide précieuse, votre soutien et vos bons mots vous contribuez à faire avancer ce projet et à le faire passer de possible à probable.